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Le Pistolet-Mitrailleur Reising Model 50, calibre .45 ACP

Comme de nombreuses nations, les États-Unis d’Amérique adoptèrent un pistolet-mitrailleur pour leurs Armées vers la fin des années 1930. Le choix se porta sur la déjà légendaire « Thompson », alors plus connue pour des faits d’armes dans un contexte criminel (des deux côtés de la loi !) lié à la prohibition qu’à des actions militaires. Mais en réalité, en adoptant la Thompson, même plus tard simplifiée sous la forme des M1 et M1A1, les États-Unis choisissaient une arme finalement mal adaptée à un usage militaire : lourde, encombrante, couteuse à produire, et ergonomiquement peu aboutie. C’est tout naturellement que certains autres fabricants chercheront à détrôner la légendaire « Chicago Typewriter » (« machine à écrire de Chicago »).

Un contexte pourtant propice

Avant de concevoir son PM, Eugene Gustavus Reising avait travaillé chez Colt et avec John Mose Browning sur la conception du Colt 1911. Il fut renvoyé de chez Colt en 1913 pour avoir participé à une compétition en utilisant une arme d’un fabricant concurrent (un Luger !). Compétiteur de talent, il travaillera sur des pistolets en .22 LR de sa propre conception jusqu’en 1925. Cette année-là, il connaitra des démêlés avec la justice de son pays qui le conduiront à purger une peine de 15 mois ! Sa dette envers la société réglée, et après avoir travaillé sur de nombreux projets sans lendemain, c’est en 1938, l’année de l’adoption de la Thompson M1928A1 par l’armée Américaine, qu’il entame son travail sur un pistolet-mitrailleur. Le fruit de ce projet sera soumis au fabricant Harrington & Richardson qui commencera la production du Model 50 en 1941 : le 7 décembre de la même année, l’attaque sur Pearl Harbor entrainait les États-Unis dans la guerre. L’arme sera déclinée en deux autres variantes en .45 ACP : le Model 55 à crosse pliante sans compensateur de relèvement, et une version « carabine semi-automatique », la Model 60. Enfin, la gamme est complétée par une arme semi-automatique en .22 LR, la Model 65. Selon les sources, environ 100 000 ou 120 000 armes auraient été produites jusqu’en 1945 plus quelques milliers d’exemplaires après-guerre pour satisfaire des commandes étrangères (la dernière fabrication datant de 1957). Une quantité non négligeable pour une arme qui ne connaitra finalement, qu’un usage éphémère dans les armées de l’Oncle Sam.

Car en effet, elle ne fut que brièvement employée par l’US Navy, et notamment par son corps des Marines. L’affaire se déroule plus précisément sur le front pacifique, au début de l’engagement américain. Ces armes avaient été acquises à la hâte principalement pour pallier le manque de disponibilité de la Thompson réglementaire. Chez les Marines, le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne semble pas avoir donné satisfaction. L’arme s’est montrée particulièrement peu fiable sur le terrain (pour différentes raisons que nous allons détailler), chose évidemment rédhibitoire pour une arme de guerre. De notre point de vue, ce n’est pas le seul problème de cette arme pour un emploi militaire. En fait, pour le soldat, elle ne présente en réalité que deux atouts :

  • Son poids : pesant à notre balance 3,4 kg avec un chargeur vide, près de 25% de moins que les 4,5 kg annoncés pour une Thompson M1A1 ! Clairement une arme légère, un vrai plus pour le quotidien du soldat.
  • De bons résultats au tir : doté d’un canon long de 279 mm (11 pouces) hors compensateur de relèvement, d’une crosse en bois confortable, avec un angle de couche raisonnable et tirant à culasse fermée avec un ensemble mobile léger, l’arme a plus le comportement une carabine légère que d’un pistolet-mitrailleur.

D’un point de vue logistique, elle est moins couteuse à produire qu’un Thompson. Mais passé cela, l’arme paraît peu convenable pour un usage guerrier : elle est sensible à l’encrassement, ergonomiquement inadaptée, mécaniquement imparfaite et, finalement, peu fiable. Nous allons revenir en détail sur chacun de ces points, mais quoi qu’il en soit, suite à des retours très négatifs, l’arme sera retirée du front chez les Marines fin 1943. Le Lieutenant-Colonel Merritt A. Edson aurait même donné ordre à ses hommes de jeter leurs Reising dans la rivière Lunga sur l’île de Guadalcanal !

Outre le corps des Marines, l’arme sera distribuée de façon sporadique à d’autres unités dont l’OSS, achetée en petite quantité par le Canada…et même fournie au Soviétique dans le cadre du « Prêt-Bail ». Après-guerre, une partie de ces armes seront ré-utilisés par les garde-côtes américains et continueront à être utilisées par différentes forces de maintien de l’ordre un peu partout aux États-Unis, mais aussi dans différents coins du globe. Une arme disponible, même imparfaite, est mieux que rien. Notre exemplaire est réputé pour être parvenu, avec près de 200 autres exemplaires, de Birmanie. Elle ne présente pas de signe d’usure manifeste : des traces de manipulation, certes, mais un canon et une mécanique interne à l’état quasi-neuf. Contrairement aux Marines, elle semble plutôt avoir donné satisfaction dans les emplois de type « Police ». Mais est-il nécessaire de préciser que les conditions d’emploi n’ont généralement rien à voir ?

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    *Nous aussi nous détestons les spams

    Arnaud Lamothe

    Expert près la Cour d'Appel de Limoges, ancien contrôleur des services techniques du ministère de l'Intérieur, cofondateur du site LAI Publication, Arnaud est un spécialiste des armes de guerre de petit calibre. Auteur d'articles, il désire au travers de ce site partager sa passion et ses connaissances pour ces sujets.

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