PPS-43, le chef-d’œuvre Aleksey Sudaev.
À son entrée en guerre, le pistolet-mitrailleurPistolet-Mitrailleur More était un des points faibles de l’arsenal soviétique. Disponible dans des quantités insuffisantes, l’URSS dût considérablement augmenter sa capacité productique. L’adoption d’une arme de production plus simple constituait une réponse majeure à ce problème.
La situation en 1941
Au moment de l’offensive Allemande connue sous le nom d’ « Opération Barbarossa », l’Union Soviétique comptait principalement dans son arsenal deux modèles de pistolet mitrailleurs (Pistolét-Pulemyót en Russe soit PP en abrégé) de conception nationale : le Degtyarev modèle 1940 soit PPD-40 et le légendaire Shpagin modèle 1941 soit PPSh-41, ou « Papasha » pour les intimes (article sur la PPSh-41 ici – Photo 04 et 05). Les deux armes utilisaient la puissante munition du Tokarev TT-33, la 7,62×25 elle-même dérivée de la 7,63 Mauser du C-96. Le PPD-40, d’une conception industrielle plus complexe que le PPSh-41, devait laisser la place à ce dernier. Le PPSh-41, quant à lui, répondait à bon nombre d’exigences de l’Armée rouge, mais fautait sur un point capital : sa disponibilité ! L’arme n’était en effet que très peu disponible, chose très problématique dans une guerre moderne que fût la « Grande Guerre Patriotique » pour son époque. En un temps où le fusil à répétition occupait l’essentiel des arsenaux, inutile d’insister sur les avantages tactiques d’une arme courte, à forte capacité et autorisant le tir automatique. Il est à noter ici que la notion de « forte capacité » est à contextualiser : au lendemain de la Première Guerre mondiale, un chargeur de 32 coups pour une arme individuelle constitue déjà une révolution.
Si on peut penser spontanément qu’il suffit de fabriquer des usines pour augmenter la capacité de production, cette solution n’est pas nécessairement ni facile ni optimale. La création d’une chaine de production est une opération couteuse, surtout si l’arme à produire n’est pas très aboutie sur un plan productique (consommation de matière première et temps de production). Dès lors, dans un contexte difficile lié aux avancées Allemandes, les Soviétiques lancèrent au début de 1942 un concours entre plusieurs de leurs concepteurs pour la réalisation d’un PM. Celui-ci devrait prendre en considération des notions productiques précises mais également des éléments opérationnels. Au niveau productique, les concepteurs devaient notamment s’accommoder des exigences suivantes : technologie de fabrication limitant le recours à l’usinage, minimisation du gaspillage de matières premières, utilisation d’acier faiblement allié le tout pour un temps de production réduit. Les exigences opérationnelles inclurent, quant à elles des dimensions et poids réduits pour favoriser l’usage par les équipages de véhicules et les unités spécialisées, une cadence de tir abaissée par rapport à la PPSh-41 pour augmenter la précision du tir en rafale sur une arme plus légère. Sur les rangs on trouve Vasiliy Degtyarev, Georgiy Shpagin, Aleksey Sudaev, Sergey Korovin et Nikolay Rukavishnikov. Autant dire pour l’amateur averti d’arme soviétique, du beau monde. Une évaluation des prototypes est conduite du 25 février au 5 mars 1942 à l’exception de l’arme de Shpagin, la PPSh-2 qui sera évaluée du 30 mai au 2 juin 1942. Bien que les armes ne soient pas sans qualités, il est décidé de renvoyer les concepteurs à leurs planches afin de perfectionner leurs prototypes. Précisons ici que s’agissant de l’Union Soviétique, les comparaisons avec des appels d’offres aux standards occidentaux seraient vides de sens : ici, les concepteurs sont encouragés à produire la meilleure arme possible, quitte à prendre les idées du voisin ! Seul le résultat compte. Une nouvelle évaluation eut lieu du 9 au 13 Juillet 1942. À l’issue, l’arme Sudaev est sélectionnée. De façon parallèle au développement de ces PM, un sergent blessé au combat dans son char développait son propre PM pendant sa convalescence, c’était M.T. Kalashnikov. Ayant compris l’importance de ce type d’arme et sa carence dans les rangs soviétiques, il avait entrepris de crée une arme destinée a combler ce manque. L’arme fût examinée par les autorités mais non retenue. Celle-ci était trop complexe et, sans doute, éloignée une considération productique dont Kalashnikov n’avait sans doute pas complètement connaissance. Cependant, la créativité de l’individu sera reconnue et son talent dans la matière mise à profit ! On connaît la suite.
De l’adoption à la production
L’arme produite, dans un premier temps sous l’appellation « Pistolét-PulemyótSudayeva » 1942 soit PPS-42 comble les attentes des Soviets. Plus légère de près de 500 grammes à capacité équivalente, plus compacte avec sa crosse pliante, réduisant considérablement les problématiques productiques (la division de consommation de matière première et de temps de travail et supérieur à 2), l’arme est fiable, précise et simple à l’emploi. Sa cadence de tir est effectivement réduite par rapport à la PPSh-41 : annoncée à 1000 coups par minute pour l’arme de Shpagin, et à 600 pour celle de Sudaev. Nos mesures personnelles sur une session de tir sont cependant différentes : 1081 cpm pour la PPSh-41 et 804 cpm pour la PPS-43…méfions-nous des données annoncées ! Ne perdant pas de temps, A. Sudaev est envoyé à Leningrad (aujourd’hui et naguère Saint Petersburg) pour superviser la production de l’arme. Les armes produites sont ainsi directement déployées sur le front, la ville connaissant un des sièges les plus violant de la guerre. La production sera réalisée entre autres sur des machines issues de l’usine de Sestroryetsk située non loin de là, qui fut déménagée dans la ville à la hâte devant l’avance des troupes de l’Axe. Au cours du siège, A. Sudaev ne se contentera pas de superviser la production, mais il s’attèlera également à perfectionner son œuvre, une démarche d’ailleurs similaire à celle réalisé par Kalashnikov tout au long de sa carrière. Ainsi, il corrigera les défauts qui lui sont reportés et incorporera même des éléments d’un PM conçu par I.K. Bezruchko-Vysotsky. L’ensemble des modifications réalisées sur l’arme aboutira à un nouveau model baptisé pour son adoption PPS-43. Dès lors, cette arme sera produite en masse dès le début de 1943 dans plusieurs usines qui n’étaient généralement pas habituées à la production de l’arme. Comble de la chose, les autorités soviétiques décidèrent de ne pas remplacer la production de la PPSh-41 par celle de la PPS-43 ! Les usines, qui ont été relocalisées et réorganisées face à l’avancée allemande, étaient déjà configurées pour la production de l’arme de Shpagin et avaient par ailleurs, significativement augmenté leurs productivités. Aussi, la PPSh-41, bien qu’elle ne soit pas dépourvue de défaut, jouissait d’une très grande popularité auprès des troupes de l’armée Rouge. Ce fût également le cas de la PPS-43, dont la popularité traversera les frontières, l’arme sera très prisée (tout comme la PPSh-41) par les Allemands (MP-719(r) dans leur nomenclature), mais aussi produite par d’autre pays y compris après guerre : la Finlande (m/44 en 9×19), l’Espagne (DUX 53 et 59 en 9×19), les Chinois (Type-54) et les Polonais (wz.43/52) produiront entre autre des variantes de la PPS-43. L’Allemagne nazie aurait même envisagé de produire une copie de l’arme sous l’appellation MP-709. Ce n’aurait pas été la première fois que l’Allemagne nazie se serait livrée à pareil procédé…
Autopsie mécanique d’une réussite
La conception de l’arme fait massivement appel à l’utilisation de la tôle emboutie, de la soudure par point et du rivetage. Le bâtit de l’arme est constituée par l’assemblage d’une carcasse supérieur et inférieur de section en forme de U, articulé autour d’un point de pivot situé à l’avant de la partie inférieure. Cette articulation, qui nous est familière sur de nombreuses armes contemporaines, était déjà couramment employée depuis les premières productions de PM. La carcasse supérieure couvre le canon sur la totalité de sa longueur afin de prévenir le contact de la main avec un canon brulant (une petite anecdote à ce sujet figure en fin d’article). La partie inférieure de cette protection est ouverte et comporte sur le reste de sa périphérie de nombreuses ouvertures circulaires, favorisant ainsi le refroidissement du canon (Photo 06). La sortie du canon est complétée par un dispositif combinant frein de bouche et compensateur de relèvement (Photos 07 et 08). Réalisé en tôle emboutie, il protège également la bouche du canon de choc et de l’introduction de corps étranger (boue, neige…). La carcasse inférieure accueille un puits de chargeur en tôle, officiant également comme poigné avant, une évolution bien venue de l’ergonomie de l’arme comparée à la PPSh-41 où la main faible ne trouve pas instinctivement de position en dehors du chargeur. Le verrou de chargeur est logé à l’arrière de celui-ci au sein d’un carénage qui garantit à la fois sa protection et favorise son accessibilité (Photo 09). Les pièces usinées sont peu nombreuses : même la détente, la gâchette et le crochet de chargeur sont en tôle emboutie. Les pièces à fonctions multiples sont mises à l’honneur : la tige guide du ressort récupérateur fait également office d’éjecteur (une évolution des évolutions par rapport à la PPS-42, vraisemblablement issue du P.M. Bezruchko-Vysotsky), le ressort de détente commande aussi la gâchette et le verrou d’assemblage de l’arme (Photo 10). La simplicité prévaut : par exemple, le ralentissement de cadence est réalisé par un allongement de la course de la culasse. Celle-ci met donc plus de temps à accomplir son cycle. En bout de course, la culasse rencontre un amortisseur en cuir ou en matière synthétique (selon les productions) allouant une meilleure durée de vie à l’arme. Un amortisseur similaire existait sur la PPSh-41 et avait été source de problème pour les Soviétiques concernant son approvisionnement. Ici, cette course plus longue de la culasse permet d’amoindrir le choc de mise en butée et permet donc un dispositif plus léger que sur sa devancière. Le canon est simplement fretté / goupillé. La crosse, elle aussi en tôle, se replie sur le dessus, dans une mode qui est clairement d’inspiration germanique (MP-38 et MP-40). Notons à cet égard qu’il s’agit de la première crosse pliante de l’armée Soviétique et que le MP-38 inaugurait cette pratique, encore en vogue de nos jours. Sa mise en œuvre se fait par l’action du bouton de verrouillage, faisant saillie sur la partie supérieure arrière de la carcasse supérieure (Photo 11). Certaines productions étrangères adopteront une crosse fixe en bois, sans doute beaucoup plus confortable au tir. La poignée pistolet est garnie d’une paire de plaquettes en matière synthétique. Sur le PPS-42 elles étaient en bois.
Le chargeur est à double pile et à présentation alternée : les munitions se présentent tour à tour sur lèvre droite puis sur la lèvre gauche (Photos 12 et 13). Doté d’une courbure adaptée à la munition, son garnissage est aisé sans même l’aide d’une chargette. Quiconque a garni un chargeur de Sten, de MP-40 ou même de MAT-49 comprendra l’avantage que cela constitue. De plus, ce chargeur pourvu de peu d’aspérité, se loge plus aisément dans un porte-chargeur que ne le faisaient les chargeurs 35 coups pour PPSh-41. La transition vers le PPS-43 marque aussi la fin de l’utilisation du chargeur tambour, mythique certes, mais moins pratique, moins fiable et fort couteux. Certains retours d’expériences plus récents de l’arme, encore rencontrés sporadiquement sur le terrain et notamment en Afrique, nous ont signalé que ce chargeur souffrirait tout de même d’une fragilité relative, certes, près de 50 ans après leur fabrication. L’information nous paraît très intéressante, notamment car non issue des arcanes soviétiques. Elle nous paraît d’ailleurs pertinente au regard des schémas qui seront par la suite adoptés pour les chargeurs en tôle produits pour les armes qui suivront en URSS : les lèvres des chargeurs seront renforcées.
Fonctionnement
Le tir se réalise culasse ouverte : l’action de la détente libère la culasse qui prélève une munition dans le chargeur et percute l’amorce à la fermeture. Le percuteur est en saillie permanente de la cuvette de tirLa cuvette de tir est la partie de la culasse qui accueille ... More. C’est une pièce rapportée qui se retire via la dépose de l’extracteur, un plus pour la production et la maintenance (Photo 14). Le tir à culasse ouverte comporte l’avantage de simplifier considérablement l’arme en l’affranchissant d’un système de mise à feu plus complexe mais également d’interrompre le tir sur une culasse ouverte. On favorise ainsi le refroidissement du canon et supprimant les problématiques de départ du coup sur inertie thermique qualifié de « cook-off » par nos camarades anglo-saxons. L’inconvénient majeur est la possibilité de l’intrusion de corps étranger dans l’arme entre les tirs. Certaines armes adoptent des systèmes d’obturation automatique pour pallier ce problème, mais ce n’est pas le cas ici. Le système moteur est celui de la culasse non calée : au départ du coup la différence de masse entre le projectile et la culasse suffit à octroyer le temps nécessaire au projectile pour quitter le canon avant que la culasse (et donc la douille) n’opère un recul critique. Le reste du réarmement se fait sur l’inertie emmagasinée au départ du coup. Il nous est donné ici l’occasion de revenir sur une théorie en vogue, initié à notre connaissance par l’auteur américain Anthony G. Williams. Ce dernier affirme que les armes fonctionnant sur le couple tir à culasse ouverte / culasse non-callée bénéficieraient d’un phénomène qualifié par les Anglo-saxons d’ « Advanced Primer Ignition » ou « API » que nous appellerons « Mises à Feu Anticipées » ou « MFA ». L’idée est que la munition serait mise à feu alors que la culasse serait encore en mouvement vers l’avant et que, par conséquent, la culasse bénéficierait de l’inertie de son mouvement pour « contrer » le départ du coup. Si les armes fonctionnant avec le principe de la MFA existent bien (notamment le canon allemand Mk108 en 30mm), elles résident sur le principe de la mise à feu avant le chambrage total de la munition. Ainsi, culasse, chambre et dans le cas du Mk108, même la munition, sont conçues pour être mises à feu avec une munition dont les parois sont totalement soutenues par la chambre sans être complètement chambré. La culasse va même se télescoper à l’intérieur de la chambre sur une distance importante après la mise à feu. L’extracteur tient alors un rôle prépondérant dans la percussion : c’est lui qui maintient la munition dans la cuvette de tirLa cuvette de tir est la partie de la culasse qui accueille ... More. Hors ici, rien de telle : pour être mise à feu, la cartouche doit être au fond de la chambre afin que le percuteur puisse s’enfoncer dans l’amorce avec vigueur. Sur sa course avant, l’inertie de la culasse est mise à contribution à plusieurs reprises : prélèvement de la munition dans le chargeur, introduction dans la chambre, passage de l’extracteur sur la gorge, puis mise à feu de l’amorce. C’est bien le mouvement avant de la culasse qui met à feu, en fin de course, l’amorce. Précisons, qu’il existe un laps de temps entre le moment où l’amorce est percutée et le moment où la charge de poudre s’enflamme, or pendant ce laps de temps, la culasse est déjà en butée. Facteur supplémentaire, l’arme n’est pas rigidement (au sens physique) fixée par les mains du tireur. Aussi, lors de la mise en butée de la culasse, l’inertie de son mouvement est partiellement transmise à l’arme. Mis bout-à-bout, il est peu probable que la culasse, alors en butée contre l’étui, bénéficie encore de son inertie de mouvement lors du départ du coup. Pire encore, il n’est pas complètement exclu qu’en cas de contact avec une surface métallique (carcasse ou tranche avant du canon) celle-ci n’ait pas entamé un phénomène de « rebond élastique ». Il s’agit du phénomène qui fait par exemple rebondir un marteau lorsqu’on le frappe sur une surface dure comme une enclume. En conclusion, de notre point de vue, l’exploitation quantifiable du principe de la MFA sur ce type d’arme nous paraît hautement improbable. Chacun se fera son opinion.
Le couple culasse non-calée / tir à culasse ouverte est rigoureusement classique pour les armes de cette catégorie et pour cette période, même s’il existe des exceptions.
Une mise en œuvre classique
Le levier d’armement est solidaire de la culasse sur le côté droit. La sureté est constituée par un levier coulissant situé à l’avant droit du pontet (Photo 15). Quand celui-ci est hors du pontet, l’arme est prête à tirer et quand il fait saillie à l’intérieur, l’arme est en sureté. Sureté engagée, l’affaissement de la gâchette est impossible et la course de la culasse est bridée, y compris lorsque celle-ci est en position avant. Sureté engagée, il est donc impossible de manipuler une culasse en position fermée, même partiellement, ce qui peut aboutir sur certaines armes à des départs de coup accidentel. Précisons d’ailleurs ici, que si la sûreté n’est pas engagée, un armement partiel de la culasse peut conduire au départ d’un coup sans action de la détente. En effet, la course de culasse nécessaire à l’accrochage de la gâchette est très supérieure au seuil où la culasse franchit le chargeur. Ceci constituerait sans doute au regard des standards actuels, un défaut rédhibitoire à la mise en service de l’arme. Le mode de tir unique est automatique. Pour produire du coup par coup, il faut par conséquent apprendre à gérer la détente. La chose est plutôt simple dans les faits et ne constitue donc pas un réel défaut, surtout que ce choix permet une simplification de conception et de production importante. Les organes de visée sont constitués d’un couple cran de mire et guidon (Photos 16 et 07). Le cran de mire comporte deux positions basculantes marquées 10 et 20, en décamètre, soit 100 et 200 mètres. Le guidon est réglable en hausse et dérive, ce qui permet d’affiner le réglage de l’arme. Si cette disposition est souvent absente des PM de cette période, il est à noter qu’elle était déjà présente sur la PPSh-41. Le dispositif est du même type que sur SKS-45 ou AK : la dérive se fait en déplaçant le support de guidon par coulissement au moyen d’un outil dédié, et la hausse se règle en vissant / dévissant le guidon avec un outil similaire à celui des armes précitées. Les organes de visée sont protégés par des oreilles en tôles, très largement dimensionnées pour le guidon (Photo 07).
Démontage
Après avoir procédé à la mise en sécurité de l’arme, il est nécessaire de renvoyer la culasse à l’avant. Cet oubli sera cruellement sanctionné : le démontage consistant à désolidariser la carcasse inférieure (accueillant la gâchette) et la carcasse supérieure (accueillant la culasse), cela conduira à l’abattement de la culasse. Pire encore, si cette manœuvre est réalisée avec un chargeur à poste approvisionné, la possibilité d’un départ de coup n’est pas exclue ! Autres temps, autres mœurs. Ici aussi, ce point serait sans doute rédhibitoire à la mise en service de l’arme de nos jours. L’arme mise en sécurité et culasse à l’avant, on peut faire basculer la carcasse inférieure de l’arme par l’action du curseur situé sur son extrémité arrière. Notons qu’il n’est pas possible d’actionner la détente si le curseur n’est pas en position arrière et donc verrouillée. Un bon point au niveau sécuritaire qui ne saurait éclipser les critiques formulées précédemment (Photo 17). Le même ressort est ici utilisé pour fournir trois fonctionnalités : le retour de la détente et de la gâchette ainsi que le retour du curseur. L’extrémité arrière de sa tige de guide assure le verrouillage des deux carcasses. L’axe constituant la charnière entre les deux carcasses étant serti, il n’est pas possible de désolidariser les deux ensembles. Carcasse inférieure basculée, on peut déposer la culasse et son ensemble récupérateur en reculant légèrement la culasse et en la sortant de son logement. Le ressort récupérateur est ensuite désolidarisé de la culasse simplement en le faisant glisser sur son côté gauche. Ce démontage sera complété par celui du chargeur : après avoir repoussé le verrou de talon de chargeur à l’intérieur du chargeur, on fait coulisser le talon vers l’avant ou l’arrière. Dès que celui-ci quitte ses rails de guidage, le ressort et le verrou sortent du chargeur, suivi par la planchette élévatrice. On pensera d’ailleurs lors de cette opération, à opposer son pouce aux pièces sous tension afin de maitriser la violente décompression du ressort (Photo 18). Pour les plus exigeants, on pourrait compléter ce démontage par la dépose de l’extracteur et du percuteur : il est alors nécessaire de refouler le poussoir d’extracteur et son ressort dans son logement puis, de façon simultanée, de retirer l’extracteur (Photo 14). Une fois l’extracteur retiré, on peut sortir son poussoir et son ressort ainsi que le percuteur. Cette opération, facilitée par la prise de la culasse dans un étau, n’est que difficilement réalisable sur le terrain.
Tir et nettoyage
L’arme est très agréable au tir. Le dispositif de bouche fait son office : si l’arme trésaille dans les mains, on sent bien que c’est plus dû au déplacement de la masse mobile et à sa mise en buté qu’au recul du départ du coup. La rafale est bien entendue très maitrisable, mais c’est le cas de la très large majorité des PM non compacts que nous avons testés à ce jour…soit une bonne partie des productions courantes depuis 1918 ! J’ai toujours été fasciné par l’argument commercial qui explique qu’un PM en 9×19 (ou même 7,62×25) de plus de 3 kg est maitrisable en rafale : l’inverse serait surprenant ! La crosse est moins désagréable à la joue qu’on pourrait le penser, même si son contact est moins confortable qu’une vénérable crosse en bois. Les cibles sont aisément atteintes jusqu’à 100. Il est sans doute possible d’atteindre les cibles à 200 m, mais l’exercice nous paraît difficilement reproductible en contexte opérationnel, sauf à envisager une efficacité obtenue par un nombre important de tireurs (on sature la zone visée). Le nettoyage de l’arme est aisé, celle-ci disposant d’une excellente accessibilité. Il s’avérera important de le réaliser rapidement après le tir, notamment si les munitions employées comportent un amorçage corrosif comme généralement dans les munitions issues des surplus des pays de l’Est. La présence d’un canon chromé sur certaines fabrications (y compris Soviétique) ne dispense pas de cet exercice !
En raison de l’utilisation des carcasses d’armes automatiques, les versions semi-automatiques de Pioneer Arms sont considérées en France en catégorie A par le Service Centrale des Armes et Explosifs (SCAE). Et même si ces productions tirent à partir d’une culasse fermée et par l’action d’un chien en semi-automatique uniquement, celles-ci restent des armes issues de la transformation en arme automatique. Ceci est fort dommage, car cette arme possède, comme beaucoup d’autres de sa catégorie, un vrai potentiel ludique.
Conclusion
M.T. Kalashnikov aurait déclaré après la guerre que le PPS-43 était le meilleurs PM de la « Grande Guerre Patriotique ». Si nous nous devons de nous montrer humble face au grand homme, il serait cependant sage de ne pas se montrer aussi péremptoire. L’évaluation d’une arme peut se réaliser sous bien des angles : production, précision, fiabilité, sécurité, ergonomie, finition…Affirmer qu’une arme serait la meilleure de toutes serait en conclure qu’elle surpasse les autres dans tous les domaines. Clairement, ce type d’affirmation n’est sans doute que rarement (jamais ?) justifié de façon objective. Gageons que le patriotisme de Mikhael n’était pas étranger à ses paroles, chose toute à son honneur ! L’arme reste une réussite totale par rapport au cahier des charges soviétique et une arme de combat remarquable. Mais il faut savoir rester critique même face à ce(ux) que l’on aime.
Arnaud LAMOTHE
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Remerciement:
ESISTOIRE pour la mise à disposition de l’arme : Laura, Yann, Laurent et Guillaume, toujours au top!
La petite anecdote vécue à propos des canons burlant : lors d’une session de tir au fusil-mitrailleur, un professionnel peu habitué à ce genre de machine entreprit de placer le FM après le tir de plus d’une centaine de cartouches…par le canon ! Le résultat ne se fit pas attendre et la fin de l’histoire se déroula à l’hôpital. À méditer.