La lunette russe 1P29

Après avoir fait les beaux jours des fusils de tireur d’élite, les « lunettes de tir » équipent maintenant les fusils d’assaut et viennent rejoindre la famille dite des « aides à la visée ». Certaines d’entre elles, sortant des sentiers battus et de l’architecture somme toute maintenant classique de la « lunette » de tir, offrent une conception et une organisation originales. L’instrument étudié fait partie de ces cas particuliers (Photo 1).

Avec un parc complet d’armes individuelles et collectives dont l’efficacité n’est plus à démontrer, la Russie et les pays associés ont développé toute une gamme de visées optiques. Si ces armes sembleraient à priori mal configurées pour en être équipé, le montage latéral reposant sur un rail standard simple et solidement fixé, va nous démontrer qu’il n’en est rien et l’ingéniosité des ingénieurs a retourné en leur faveur ce qui semble être un bricolage devant l’aspect décalé offert par ce type d’organisation (Photos 2 et 3).

Contexte

De tous temps, la volonté d’offrir un système de visée adapté a toujours été logiquement un souci des fabricants d’armes. Devant l’augmentation de la rasance et donc de la portée efficace d’une cartouche étroitement liée avec l’individualisation du tir (le tireur est seul et tire sur son initiative), le moyen de pointage s’est sophistiqué. Abandonnant les classiques visées mécaniques, néanmoins toujours performantes et valables quoiqu‘on puisse en penser, la visée optique s’est démocratisée (Photo 4). Là aussi, ce sont toujours les progrès dans la fabrication et la qualité des matériaux qui donnent le ton. Devenant un produit à part entière, l’appareil de visée s’est diversifié. D’abord pour répondre aux différents types d’armes en dotation, puis pour répondre au marché qui ne correspond pas d’ailleurs systématiquement au besoin. Mais le souci de trouver une visée ou une méthode universelle et surtout unique est une constante de l’histoire. Le principe de la hausse de combat en témoigne. Le pointage étant immuable : orienter un canon en hauteur et en direction pour obtenir le rendez-vous « point visé / point touché ». Les concepteurs ont toujours voulu affranchir le tireur d’une conduite du tir qui reste somme toute compliquée en situation : estimer une distance, afficher la hausse correspondante. Jouant de la rasance et de la portée pratique, c’est-à-dire celle utilisée couramment au combat (plus ou moins de 0 à 300, voire jusqu’à 500 m), la visée doit permettre au tireur de ne plus faire qu’une chose, épauler, viser, tirer sans avoir à ajuster son pointage à la distance prescrite. Il restera toujours le choix du point à viser, mais un conditionnement de bon aloi doit supprimer cet écueil. C’est en définitive un faux problème : viser le centre de l’objectif en affichant à chaque fois la hausse ou viser toujours le même point (le bas de la cible ou le milieu) en hausse unique de 0 à la distance idéale revient en fait à faire peu ou prou la même chose, sauf que l’on a supprimé l’opération préalable de calcul de la hausse. Il faudra tout de même avoir une notion de l’étendue du compartiment de terrain traité ! Il ne s’agira alors plus que de viser et de tirer. Dans le cas nous intéressant, la suppression du calcul de portée dans la situation tendue du contact effectif et peut-être à courtes ou moyennes distances, va simplifier la vie du combattant.